PRINCIPES

ECONOMIE D’ENERGIE

En combat réel, de nombreux facteurs doivent être pris en compte et gérés. Le stress est inévitable et d’autres sentiments vont s’y ajouter comme la peur, la colère, l’angoisse, la haine … Cela dépendra des situations ; être seul face à plusieurs adversaires, se faire agresser avec des armes (lames, pistolets, bâtons …), la nature du lieu d’agression (terrain vague, impasse, métro …), la nuit car on perd pas mal de repères visuels. Tout cela pour expliquer qu’il va déjà y avoir une perte d’énergie plus où moins conséquente selon la gestion du stress de l’individu, et cela sans avoir eu le moindre échange de coups. Lorsque les échanges de coups vont avoir lieu, ça va encore modifier le mental soit en le renforçant, si la situation tourne à son avantage, ou à l’affaiblir, si la situation devient défavorable. Sur le plan physique, une sur contraction musculaire provoquera moins de précision, plus de lenteur d’exécution, moins de puissance et plus de fatigue. La conclusion sera la défaite !. Nous sommes là complètement à l’opposé du but qui est de gagner pour survivre. Cette notion d’économie d’énergie s’applique aussi au niveau des frappes, prenons l’exemple du fouet qui est tant qu’il ne touche pas sa cible, souple et relaxe, il se raidit et explose à son extrémité lors du contact, et redevient souple après l’impact. Comme le cobra, reste lové dans une position souple et ramassée, et que ta frappe comme sa morsure soit ressentie avant d’avoir été vue (Bruce Lee, Tao du Jeet Kune Do, p 43).

ENERGIE ET SENSITIVITE

Flow energetiqueAfin de comprendre les attaques et les défenses de son adversaire, il faut assimiler en premier trois choses :

– l’électron direct du flot de votre adversaire, c’est-à-dire à quel moment il va aller vers le haut ou le bas, s’il va attaquer en la ligne directe ou circulaire, à droite ou à gauche.

– le degré de force ou de pression dans chaque attaque ou défense.

– la sensitivité, comprendre le flot directionnel de son adversaire comme le genre d’énergie appliquée, nous permettant ainsi de contrôler ses mouvements en coulant avec sa force de façon à pouvoir le contrôler.

LE FLOT ENERGETIQUE

singchisaoChaque attaque a sa propre énergie naturelle. Si l’on va à son encontre on sera en opposition face à l’énergie et on la combattra. Il faut toujours aller avec elle. Couler, avec l’énergie permettant d’obtenir un flot régulier avec celle de votre adversaire, laquelle à son tour nous permettra de « couler » pour réagir aux pièges de l’attaque survenue et d’attaquer sans avoir à s’arrêter et à repartir. La direction dans laquelle votre adversaire attaque, en relation avec notre ligne centrale déterminera quel genre de parade nous devrons utiliser pour couler avec l’énergie de son attaque au lieu de la combattre. L’énergie défensive doit être égale avec l’énergie offensive.

ECONOMIE DE MOUVEMENTS

L’économie de mouvements signifie qu’il ne doit pas y avoir de mouvements superflus. Cela revient à dire que les mouvements doivent êtres efficaces et indispensables.

LA LIGNE CENTRALE

La théorie de la ligne centrale a été inspirée par le Wing-Chun gung-fu. C’est une ligne imaginaire qui sépare le corps en deux parties égales dans le sens de la hauteur. Chaque pratiquant doit être vigilant à propos de cette ligne médiane, car de nombreux « points sensibles » s’y trouvent. Mais aussi pour protéger les autres parties du corps (droite et gauche, haut et bas). Cela permet de visualiser aussi les défauts, au niveau de la « garde », de l’adversaire. L’idée est de contrôler et de dominer la ligne centrale adverse. Chaque attaques, défenses et jeux de jambes sont établis pour préserver notre propre ligne centrale et ouvrir celle de l’adversaire.

LE BAI JONG

baijong1Le Bai jong est une posture de combat, permettant à celui qui l’emploi de protéger son corps ou plutôt de fermer le passage aux parties sensibles comme le visage, le plexus, le foie, les côtes, les parties génitales … Cette posture doit être fluide et décontracté, toujours en mouvement, et doit permettre de masquer son attaque ou son contre sans que l’adversaire ne puisse percevoir la moindre information. La position adoptée doit être celle qui nous paraît donner le maximum d’aisance et de relâchement, combiné avec une souplesse de mouvement de tous instants. (Bruce Lee, Tao du Jeet Kune Do, p 35).

Le corps est de trois quart (ni de face, ni de profil). baijong2-33df3-f94baLe poing arrière est à la hauteur du nez, à environ 10 cm de la pommette et le poing avant à environ 45 cm devant le visage sur la même ligne que le poing arrière (plus hauts ils gêneraient le champ de vision et plus bas le visage serait moins protégé). Les épaules, relâchées, sont de trois quarts et en ligne avec les hanches, le coude arrière près des côtes et le coude avant à environ 30 cm du plexus. Les genoux légèrement fléchis avec une répartition du poids du corps quasi identique (45% du poids du corps sur la jambe arrière et 55% sur la jambe avant). Le pied avant est tourné vers l’intérieur d’un angle d’environ 35° (afin de protéger les parties génitales), on place son côté le plus fort vers l’avant (pour les droitiers la jambe et le bras droit devant, l’inverse pour les gauchers). Le pied arrière a le talon levé, reposant sur sa plante, permettant ainsi un déplacement plus rapide (comme un sprinter en position de départ, prêt à exploser). Une posture correcte est le résultat de toute une organisation interne cohérente (Bruce Lee, Tao du Jeet Kune Do, p 33).

LES HUIT POSITIONS FONDAMENTALES DE DEFENSE

Ces positions de défense sont en fait la réunion des deux côtés, droit et gauche. C’est-à-dire qu’il y a quatre niveaux de défense de chaque côté ;
C’est ce que l’on appelle aussi en JKD protéger les « quatre portes ».

FAIRE FACE A L’ADVERSAIRE

L’idée générale est de toujours faire face à la ligne centrale de votre adversaire. Cela ne veut pas dire d’avoir le corps complètement tourné de face par rapport à votre opposant, mais de lui faire face en conservant son bai jong. Ceci a pour but de fermer les « quatre portes » afin de ne pas laisser passer une attaque, que ce soit sur le côté gauche, droit ou au centre.

LA POSITION DU COUDE

Le bras avant est très important car c’est lui (dans 80% des cas) qui va se retrouver en contact avec votre adversaire que ce soit pour attaquer ou pour défendre. Il est donc crucial que le coude soit correctement orienté, c’est à dire qu’il doit non seulement protéger la ligne centrale (il ne faut pas qu’il soit trop écarté) mais aussi il doit garder une certaine distance avec le corps, environ 30 cm du plexus, ce qui permet au bras avant de maintenir son opposant à l’écart, favorisant l’allonge, l’interception, la rapidité et empêchant ainsi une attaque par immobilisation de main (voir ci-dessous les cinq façons d’attaquer).

FAIRE LE VIDE

Nous avons pu constater, dans la partie « économie d’énergie » qu’en combat réel de nombreux facteurs, stress, peur, angoisse, colère…, doivent être pris en compte. Afin d’éviter toutes ces « pollutions mentales », complètement nocives, nous devons faire le vide pour trouver cette lucidité nécessaire au combat qui nous permettra d’agir simplement et naturellement, en harmonie avec notre corps et notre esprit. A propos de mieux faire comprendre ce concept de fluidité Bruce disait :« Fais le vide dans ton esprit, sois sans forme, sans consistance, comme l’eau. Si tu verses de l’eau dans une tasse, elle devient cette tasse. Si tu verses de l’eau dans une bouteille, elle devient cette bouteille. Si tu verses de l’eau dans une théière, elle devient théière. Mais l’eau peut couler ou s’écraser, sois comme l’eau mon ami ! ».

ACTION – REACTION

L’objectif est de ne pas penser, « je vais faire ceci ou cela, ensuite je termine de telle façon », serait une erreur car l’adversaire ne va malheureusement pas réagir de la manière dont on pense et l’erreur sera souvent fatale. Il faut que la réponse à l’action soit l’action elle-même.

L’IMPARTIALITE

Nous pouvons constater que bien souvent, dans les arts martiaux, il y a certaines règles. Par exemple, il ne faut pas frapper dans les parties où enfoncer les doigts dans les yeux car ça fait très mal et peut provoquer des lésions graves. Le JKD n’est pas un sport, mais un système d’autodéfense. Il n’y a aucune règle à respecter dans la rue car le ou les agresseurs (en général il y en a plusieurs) n’en respecte aucune. Il n’y a pas de catégories de poids, pas de ring, pas d’arbitre, aucune protection, et la plupart du temps des armes. Comment veut-on gagner dans ce genre de situation si nous sommes conditionnés dans des règles. Si on doit casser un genou, écraser les parties génitales, etc… pour stopper les attaquants, il faut y aller jusqu’au bout et ne pas revenir en arrière. C’est avant tout une question de survie, nous n’avons tout de même pas demandé de se faire attaquer !. Le contre sera en réponse égale de l’attaque, et comme disait notre Sijo : « Il n’y a aucune technique cruelle ou inhumaine en soi, il y a uniquement des situations de combat ».

LA SIMPLICITE

L’important, dans une attaque ou un contre, est la simplicité. Il n’y a pas d’intérêt à connaître des centaines de techniques plus ou moins compliquées pour impressionner ses adversaires car on ne peut pas savoir quand on aura besoin de celles-ci. Le plus difficile en combat est justement le « quand » on pourra fermer la distance afin de parvenir à nos fins. Si on se complique trop, il y a de fortes chances que l’on aura du mal à vaincre l’ennemie. C’est la raison pour laquelle il faut rester simple car il vaut mieux connaître moins de techniques et de savoir les exécuter correctement que d’en connaître un nombre élevé et d’avoir à réfléchir. L’absence de techniques stéréotypées comme substance : c’est le moyen d’être entier et libre. Toutes les lignes, tous les mouvements ont une raison objective. L’art du JKD est simplement l’art de simplifier (Bruce Lee, Tao du Jeet Kune Do, p 17).

HYGIENNE DE VIE

Il est essentiel d’avoir une bonne hygiène de vie, que l’on soit par ailleurs pratiquant ou pas, car la santé est quelque chose de crucial. Il faut donc s’entraîner et se nourrir correctement pour être en bonne santé (« Que ta nourriture soit ton premier médicament », disait Hippocrate, père de la médecine moderne), lorsque le corps est sain l’esprit l’est aussi et vice-versa car il y a toujours une corrélation entre les deux, ils sont indissociables.