LES FONDEMENTS TAOÏSTE
Nous pouvons observer que chaque art martial a été crée à partir d’une base, inspirée d’un ou de plusieurs autres systèmes. Dans les différents styles de Gung-Fu Chinois, les Sijo (créateur d’un style) ont pris différents éléments de ce qu’ils avaient pu apprendre auprès de leurs maîtres. Les mettant en pratique selon leur propre évolution et tenant compte aussi de celle de leur environnement, ils suivaient les principes taoïstes de l’accord total entre l’esprit, le corps et l’univers. Il ne faut pas que le néophyte pense qu’à chaque fois on ajoute quelque chose de ceci avec un élément de cela. Il faut qu’il y ait une corrélation, ce n’est pas un « rajout » mais une ébauche, à chaque fois on enlève quelque chose comme le sculpteur qui retire de la matière jusqu’à obtenir une forme parfaite à ses yeux. Comme nous le dit Bruce dans le Tao du Jeet Kune Do : « Absorbe ce qui t’est utile, rejette ce qui ne l’est pas, ajoute ta propre expérience ».
La notion du vide est très importante dans la conception taoïste, pour l’expliquer prenons l’exemple d’un verre vide qui est prêt à accueillir le liquide tandis que le plein ne pourra plus en contenir. Le corps,qui est en accord total avec l’esprit (et vice-versa) doit être tout aussi décontracté, non pas mou mais souple, fluide, il doit réagir comme le « fouet », c’est-à-dire relaxe jusqu’à l’impact, dur au moment de l’impact et souple après celui-ci, le « coup » revient ainsi plus vite qu’il part. Le choc de la frappe est donc provoqué par percussion et non pas par poussée, ce qui est non seulement plus efficace, car plus destructeur pour le corps humain (fractures, lésions internes, …), mais aussi beaucoup plus économique sur le plan énergétique.
Le JKD met le point sur la simplification car c’est ce qui marche en combat réel, la technique doit être directe, percutante et la plus rapide possible. Le pratiquant doit être décontracté, relaxe, son esprit doit être clair et ne doit surtout pas faire place aux sentiments telle l’anxiété, l’angoisse, la peur ou la colère. Il doit être impassible et faire place au vide afin de réagir intuitivement et clairement. Pour parvenir à cela, il faut pratiquer le Wu Wei : le « non-agir ». Le non-agir n’est pas l’inertie, il est l’essence même de l’action. Celui qui l’a atteint n’agit pas par lui-même pour lui-même ; il est l’instrument de l’esprit dont il manifeste la puissance, aussi bien par une activité continue que dans le plus complet repos. Wu Wei, c’est aussi la doctrine de l’immédiateté, qui exige une adaptation spontanée à la vie, une acceptation totale de celle-ci. L’action qui surgit d’une telle attitude est tellement franche et naturelle, qu’elle dépasse la portée de l’action ordinaire, précédée généralement de mille tergiversations et évaluations. Elle est de ce fait en parfaite harmonie avec la nature car elle est, simplement, sans aucune irruption de la pensée discursive. L’action issue de Wu Wei ne s’entoure ni de buts ni de mobiles. Elle se déroule autour d’un centre immobile, en sorte que son mouvement s’unit à celui du ciel, autrement dit elle est en conformité avec le Tao.
LE CONCEPT DU YIN – YANG EN JEET KUNE DO
Commençons, tout d’abord, par l’analyse du symbole du Jeet Kune Do choisi par Bruce Lee pour son art. Le symbole du Taï Chi (« action du principe absolu ») consiste en un cercle divisé en deux parties, deux sections qui sont complémentaires, l’une noire (Yin), l’autre blanche (Yang) En rouge et jaune dans le cas de notre logo. Chaque partie porte un point de la même couleur que l’autre partie ce qui évoque un très important concept, à savoir que dans le Yin il existe le Yang et que dans le Yang il existe le Yin. Bruce a ajouté les deux flèches de couleurs opposées autour du symbole pour signifier que le principe de « la voie du poing qui intercepte » c’est d’appliquer le concept du Yin et du Yang aux armes du système de combat : coups de pied, coups de poing, déplacements, attitude corporelle, mouvements, stratégie, timing et rythme. Bruce a passé des heures innombrables à étudier la philosophie orientale. Il a été très influencé par le fondateur de la philosophie Taoïste, Lao-Tseu. Bruce Lee a étudié la philosophie à l’université de Washington et l’a appliqué à son enseignement et à son entraînement d’art martial qui sont basés sur une bonne compréhension de la philosophie orientale. Il était capable de démontrer ces principes par ses actes en combattant. C’est son intelligence étendue et profonde des principes du Yin Yang qui l’a aidé à créer le Jeet Kune Do.
– Le principe du Yin et du Yang dans les déplacements
En partant de son expérience au combat, Bruce a inventé toute une série de déplacements qu’il voulait que nous possédions. Ils présentent certaines similitudes avec ceux de la boxe mais ce n’est pas tout à fait pareil, la mobilité est beaucoup plus arythmique. On croit que la distribution du poids est de 50/50, en fait elle oscille constamment en 51/49. En une fraction de seconde, le poids se déplace pied avant / pied arrière pour avancer ou reculer. Comme le traduisait assez poétiquement Bruce : « Sois une ombre et l’écho d’un son ». Imiter son déplacement était un sacré défi parce qu’il fallait être décontracté, parfaitement calme, très attentif, s’oublier soi-même (les plans, les stratégies) et être en même temps capable de suivre le moindre mouvement de l’adversaire.
– Le principe du Yin et du Yang dans les techniques de main et de pied
Chaque main, chaque pied doit être capable de passer d’un simple contact léger à une frappe très dure et de reprendre aussitôt un état naturel, le tout avec la vitesse appropriée et le rythme correct pour atteindre l’objectif. Vitesse et rythme sont complémentaires et la vitesse d’exécution d’une frappe perd la plupart de son efficacité si le coup n’est pas ajusté correctement dans le temps. Une tension sur tous les plans, des contractions musculaires superflues agissent comme des freins réduisant la vitesse, dissipant l’énergie.
– Utiliser le « non-chemin comme chemin »
Bruce ne voulait pas que nous nous servions de « techniques préétablies », que nous en fassions « nos techniques », copiant ainsi sans discrimination le travail des autres. Il voulait que nous expérimentions et innovions diverses techniques et différents mouvements corporels pendant l’entraînement afin de découvrir notre véritable potentiel. Le « utiliser le non-chemin comme chemin » signifie ne pas utiliser de « techniques figées ou préétablies comme si c’était nos techniques ». – Avoir aucune limite comme limite Cela veut dire que notre entraînement martial ne devrait jamais être limité par les « limites propres d’un style », d’une méthode. Il faut oser expérimenter plusieurs systèmes et méthodes d’entraînement. Nous ne devons jamais oublier que l’essence du Jeet Kune Do est la simplicité, l’élimination de tout ce qui n’est pas essentiel. Bruce a dit : « le niveau le plus haut de la compréhension n’est pas quelque chose de spécial. Il est dans la simplicité, dans l’habileté à exprimer le maximum avec le minimum. C’est une compréhension médiocre qui porte à l’ornement technique ».
– Les principes du Yin et du Yang dans la pratique
Polir et améliorer chaque technique de façon à ce que toutes soient complètes, c’est-à-dire qu’elles aient : vitesse, agilité, puissance, souplesse, timing, etc… Cela, c’est l’essence de l’entraînement du Jeet Kune Do. Il faut toute une vie pour atteindre certains niveaux d’adresse et de compréhension en JKD mais c’est un voyage agréable et plein de surprises. « La vérité ne devient concevable que quand on a acquis une totale intelligence de notre potentiel véritable ». Ce qui implique qu’il faut s’entraîner même dans des directions dont nous pouvons à priori penser qu’elles ne sont pas pour nous. Bruce le rappelait constamment. La connaissance en JKD, est finalement une « auto connaissance ». Il faut nous imprégner de la philosophie du Yin-Yang et l’appliquer à notre entraînement quotidien. C’est la racine du Jeet Kune Do. « Une fois que tu connais les racines tu peux comprendre les bourgeons ». N’ajoute pas trop de fleurs dans le panier.