Wing Chun 詠春

WING CHUN GUNG-FU

Le Wing Chun (« Joli temps de printemps ») est déjà une forme moderne de Gung-Fu (synthèse de différentes formes de Shaolin). L’histoire commence au XVII ème siècle pendant la dynastie Ching (1644-1912) ou la majeure partie de la population chinoise est tyrannisée par l’envahisseur Mandchou. Ceux-ci contrôlent toute la chine et imposent leur tyrannie. Cependant le temple de Shaolin, symbole de la religion bouddhiste, était respecté par ceux-ci. Le temple devint alors un camp entraînement pour les révolutionnaires.

Le Gung-Fu traditionnel requérait un minimum de quinze années de pratique (quotidienne et assidue) pour espérer maîtriser les techniques. C’est alors que cinq grands sifu décidèrent de développer une nouvelle forme qui nécessiterait un temps d’entraînement plus court et qui serait plus efficace que tous les systèmes précédents.

Malheureusement avant même que la nouvelle forme de Gung-Fu ne se développe, le temple de Shaolin fut envahi et brûlé par les Mandchous qui avaient eu vent de la conspiration. Des cinq sifu (Ng Mui, Abbot Chi Shin, Abbot Pak Mei, Maître Fung To Tak et Maître Miu Hin), seule une nonne bouddhique, Ng Mui survécut à la catastrophe. Plus tard elle passa son précieux savoir à une jeune orpheline qui s’appelait Yim Wing Chun en qui elle plaça sa confiance et qui resta auprès d’elle pendant plusieurs années.

Après avoir acquis la totale maîtrise de son art la jeune fille quitta Ng Mui, sa maîtresse désormais âgée. Elle voyagea dans toute la Chine à la recherche de tournois où elle pourrait exercer ses talents. Souvent grâce à sa grande beauté, elle s’offrait comme récompense pour attirer les adversaires qui se donnaient alors à fond pour remporter la victoire. Son art étant tellement supérieur à toutes les formes existant qu’elle n’eût jamais l’occasion de s’offrir en guise de prix.

Sauf une fois, où elle tomba amoureuse de son challenger Leung Bok Cho, qui devint par la suite son mari. Celle-ci avait délibérément perdu le match et des années durant elle n’avoua jamais cette tromperie à son mari. Un jour pourtant, elle décida de lui dire la vérité. D’abord Leung ne la crut pas. Comme elle n’avait d’alternative que de lui prouver ses capacités, elle le fit et Leung, convaincu de la supériorité des techniques de sa femme par rapport aux siennes du style Shaolin, devint son disciple. C’est ce dernier |qui, après le décès de son épouse, poursuivit l’élaboration du style et l’appela Wing Chun en hommage à celle qui l’y avait initiée.

Techniquement cette école est très originale, elle se fonde sur la simplicité et le pragmatisme ; tout est basé sur l’économie de mouvement, donc d’énergie, les positions sont naturelles, hautes et décontractées, les mouvements sont courts, le plus souvent en ligne droite. Le combattant de Wing Chun a une garde particulière ; pratiquement debout, les pieds sont légèrement écartés, genoux un peu fléchis vers l’intérieur. Les coudes sont près du corps, les mains ouvertes sont dirigées vers l’adversaire, l’une en avant pour établir le contact, l’autre en retrait en protection devant le plexus, cherchant à établir un contact étroit avec ceux de l’adversaire pour dévier ses coups en coulant instinctivement le corps autour du vecteur d’attaque. Le corps est droit et relax, le point Tan Tien légèrement projeté vers l’avant par la contraction des muscles fessiers. L’ensemble est très stable tout en permettant des réactions rapides dans toutes les directions, esquives souples ou contre-attaques fulgurantes.

L’étude du Wing Chun comprend le travail du Chi Sao (mains collantes) :

Maître Jean-Pierre DEFOSSE & Sifu Morgan MISTRAL

Cette technique très particulière consiste à coller les avant-bras tout contre ceux de l’adversaire, non pas d’une manière statique mais en des entrelacs savants très fluides. Elle se pratique avec un seul bras (Dan Chi Sao), sous sa forme simple, des deux bras (Sing Chi Sao) au stade avancé. Le but est de prendre contact avec le coup de l’adversaire, à « fleur de peau », sans le bloquer avec force, pour le contourner très rapidement, le dévier, le déflecter, le retourner à sa source, tout en permettant une contre-attaque instantanée de l’une ou de l’autre main sans qu’il y ait rupture d’équilibre.

Il y a ensuite le travail sur le mannequin de bois (Muk Yan Chong)

Grand Maître YIP Man

Composé de cent seize mouvements divisés en huit sections. Cela permet de développer la vitesse, la puissance et la précision des techniques. Le mannequin est constitué à partir d’un tronc d’arbre, fixé dans le sol ou rivé au mur par un système de poutres. Celui-ci est composé de deux bras au niveau du plexus, l’un étant dirigé légèrement sur la droite et l’autre sur la gauche, un autre bras est placé plus bas, toujours sur la ligne centrale mais cette fois-ci au niveau du ventre, pour simuler les coups bas. Enfin une quatrième barre est fichée dans le tronc à la hauteur du tibia.

Nous trouvons aussi dans le Wing Chun une section arme, qui est la seule de cette méthode : le couteau papillon (Bart Jarm Dao)

Grand Maître YIP Man

L’avantage de ces armes était son encombrement réduit (environ 50 cm) facilitant ainsi son utilisation sans encourir les risques liés à l’interdiction du port d’armes. Il pouvait être comme le prolongement du bras et c’était alors la plus mortelle des armes car ce couteau favorisait la coordination des yeux, des poings, des pieds et d’un autre couteau papillon.

Trois « formes » ou Tao, exécutées en solitaire, complètent l’entraînement au Wing Chun

Ceux-ci comprennent en fait toutes les techniques de ce système :

– la première forme : Siu Nim Tao (« la petite idée »), elle s’exécute entièrement sur place, dans la position Chong Ma, et enseigne les mouvements de bras du Chi Sao tout en développant la puissance statique.

– La deuxième forme : Chum Kiu (« briser la distance »), forme plus avancée, où l’on étudie surtout les défenses avec esquives de l’ensemble du corps dans diverses directions.

– La troisième forme : Biul Tze (« les doigts volants ») où l’on exécute les techniques en gardant les doigts tendus à travers lesquels doit agir cette force irradiante.